vendredi 7 juin 2013

Le bistrot qui fait vivre la Place Herment


Plus qu'un bar, celui de la Passerelle est le dernier bastion de la résistance à l'isolement de la place Herment.



Et si la vie sociale d’un quartier ne tenait plus qu’à un bistrot ? Cette perspective ouvre sur la place Herment un point de vue révélateur de la place particulière qu’y tient le Bar de la Passerelle.
Pour la onzième fois demain, cet estaminet où l’on offre la cochonnaille chaque jeudi de marché sera au cœur du bouillonnement de stands, de brocanteurs occasionnels et de commerçants ambulants attendus à l’occasion d’une brocante très particulière à plus d’un titre.
D’abord parce que les bénéfices sont intégralement reversés à la Croix rouge. Ensuite par ce que, plus qu’une brocante, c’est de résistance à l’isolement dont il s’agit. Il fut un temps en effet où cette place Herment, véritable appendice de l’Avenue Jean-Moulin, était au cœur de la vie quotidienne.
« Dans ce secteur, nous recensions dans les années cinquante une soixantaine de commerces dont onze alimentaires ; entendez par là des épiceries » se souvient l’ancien épicier Daniel Druart avec une pointe de nostalgie lorsqu’il évoque «  le marché des hommes. » « Le jeudi de l’Ascension étant férié, ce sont les hommes qui faisaient le marché et les estaminets qui le bordaient. La place Herment était un point de ralliement. Elle était d’ailleurs jadis le point de départ du défilé de la fête des Maqueux d’saurets. Les gens prenaient une demi-journée de congés et partageaient le casse-croûte dans les bistrots qui la bordaient. »
Cette capacité à catalyser toutes les énergies n’est pas le fruit du hasard : cette place Herment est elle-même le fruit de la volonté des Hommes à bâtir ensemble leur avenir.
Lorsque les pionniers du Chemin de fer décidèrent d’implanter leur dépôt à Tergnier, ils durent pour extirper leur ligne du cours tranquille de la vallée de l’Oise remblayer ce qui n’était alors qu’un marécage de quelques centaines d’habitant. En cinq mots : ils façonnèrent le Tergnier d’aujourd’hui. Cent soixante ans plus tard, la place Herment demeure l’unique témoin de leur création. Dans sa jonction avec le boulevard Gambetta, le grand mur de soutènement des emprises ferroviaires indique la hauteur du remblai : cinq mètres. Un peu plus haut, place Herment, elle est de deux mètres soixante-dix. C’est là que les pionniers du Chemin de fer érigèrent leurs premiers ateliers et c’est naturellement là aussi que se cristallisa la vie locale.
Que reste t-il de tout cela ?
Une magnifique place arborée qui au cœur de la ville, forme un petit havre de paix dans lequel les chalands et les enfants pourront déambuler demain en toute quiétude.
Carine - avec un C car, dit-elle, «  je suis un K à mois seule » - qui succède depuis le début de l’année à Annie au Bar de la Passerelle, recense d’ores et déjà 170 mètres de réservations particulières et 50 mètres de réservations professionnelles. A 1,50€ le mètre pour les particuliers et 6€ pour les professionnels, la Croix rouge peut déjà faire ses comptes. Du moins provisoirement car le ciel aidant, il y a fort à parier qu’il y aura foule demain sur la place Herment. D’autant plus, pour les amateurs d’ambiance champêtre, que Carine assurera la restauration.

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