vendredi 28 juin 2013

La fête de la Cité à la croisée des chemins




A quelques heures de l’ouverture en musique, ce vendredi soir, de la fête de la Cité, petit coup de projecteur sur les coulisses de cette grande classique du calendrier local dont il ne faudra perdre aucune miette tant il est vrai que l'édition 2013 sera très particulière à plus d’un titre.
Elle le sera en premier lieu dans sa forme avec, pour la première fois dimanche, une brocante vide-grenier doublée d’un rassemblement de véhicules anciens.
L’instigateur de cette double nouveauté Alain Chenot s’en explique volontiers : « nous avons tout tenté sans succès pour attirer la foule le dimanche ; cette fois sera peut-être la bonne. »
Particulière, cette édition 2013 le sera également dans son contexte : l’Amicale des Cheminots qui en assure le pilotage depuis des lustres se sent doucement mais sûrement poussée vers la croisée des chemins.
Thierry Degrande s’en ouvrait déjà en décembre 2010 lorsqu’il passa le relais à l’actuel président Laurent Desmaret au terme d’un mandat de cinq ans : " Je suis à la fois heureux et fier d’avoir travaillé avec les copains, mais, en tant que cheminot, je sens bien que cette culture s’éteint tout doucement au fur et à mesure que les copains s’en vont. Il y a ceux qui prennent de l’âge certes, mais il y a aussi les délocalisations. Ce n’est pas un choix de leur part, tout juste une réalité avec laquelle ils doivent composer. "
Voilà bien le cœur du problème : comment fédérer au quotidien des hommes et des femmes qui n’ont plus en commun que leur statut d’agent SNCF ?
Cette question là non plus, n’est pas nouvelle. Elle se posa en son temps lors de la création de la SNCF et de l’intégration dans la vie communale de la population cheminote de la Cité., jusqu’alors domaine privé de la Compagnie des Chemins de fer du Nord.
Composé de trois fonctionnaires nommés par le comité de gestion central (parisien) et d’agents élus par leurs camarades, à raison d’un représentant pour cinquante ménages, le conseil de la Cité n’avait dès lors plus de raison d’être si ce n’est que la commune dont relevait désormais directement la Cité ne pouvait entretenir la dynamique collective d’animation impulsée sous l’ère du concepteur des cités cheminotes du Nord Raoul Dautry. Ainsi au conseil de la Cité succéda l’Amicale des Cheminots, organisatrice de la plus grande fête foraine annuelle de l’agglomération, des arbres de Noël, de la Nuit du mimosa et de quelques grands classiques encore du calendrier.
Mais la population cheminote ne se concentre plus aujourd’hui sur la Cité ; elle se dilue dans un environnement urbain dont le périmètre est d’autant plus difficilement identifiable que l’évolution des styles de vie en brouille les contours.
Que reste t-il dans ces conditions de l’Amicale des Cheminots si ce n’est sa culture héritée du conseil de la Cité ?
« Les maisons sont la création de la Compagnie; la cité est l’œuvre de ceux qui l’habitent » scandait en son temps Raoul Dautry. Cela reste vrai quatre-vingt dix ans plus tard mais la cité dont il est aujourd’hui question est l’œuvre de l’ensemble des habitants de l’agglomération ternoise.
Notre question initiale, du coup, se précise. Il ne s’agit pas tant de savoir où va l’Amicale dans une époque qui substitue les agents SNCF aux Cheminots que d’imaginer comment l’Amicale peut transmettre l’héritage du conseil de la Cité au Grand Tergnier.
Autant lever toute ambigüité : il ne s’agit pas là d’envisager une prise de contrôle de la ville - autant dire de la mairie - par l'Amicale Cheminote; tout juste de léguer pour le faire fructifier le plus précieux des trésors jadis gardés par le conseil de la Cité : la culture de la proximité.

Au programme :

Vendredi 28 juin à partir de 20h30 : ouverture en musique avec LesTeigneux, un trio aux accents folk imprimés sur des tranches de vie servies en français ; les Frères Lumière, un quatuor dans la veine punk rock typique du fameux HLM de Ludwig Von 88 ; et enfin Stafff, passeur de rock véhiculant par delà les générations les grands standards des années 70-80.

Samedi 29 juin à 11 heures : dépôt de gerbe à la stèle du 113e R.I..
A 14 heures : concours de pétanque en triplettes (inscriptions : 10e par équipe.)
A 21 heures : soirée disco.

Dimanche 30 juin à 8h30 : concours de belote (10€ par équipe.)
Dès 9 heures : ouverture de la première brocante vide greniers (réservée aux amateurs ; tarif : 1€/mètre.)
A 10 heures : ouverture sur le stade de la Cité du premier rassemblement d’amateurs de véhicules anciens.
11h30 : réception des annonceurs dont l’engagement préserve de la disette ce joyau du patrimoine festif local, suivie d’un hommage aux anciens amicalistes.
Après midi : animations musicales par le bandas de la Confrérie des Maqueux d’saurets, doublées vers 15 heures d’un défilé en ville des véhicules anciens puis, à 17 heures, d’un quiz proposé par l’association des Maqueux d’saurets (celle qui organise la fête dont la Confrérie est l’ambassadrice.)

Lundi 1er juillet à 8h30 : concours de boules en bois et animations ludiques par l’association des donneurs de sang.
A 16h30 : reprise des animations foraines pour accueillir les enfants à la sortie de l’école.
A 23 heures : feu d’artifice de clôture sur le stade de la Cité.

mercredi 19 juin 2013

SNCF: une réforme peut en cacher une autre

Les CER SNCF d'Amiens emploie une quarantaine de salariés dans le doute quant aux conséquences du projet de réforme ferroviaire sur la gestion des activités sociales.


Aucun observateur ne leur a semble t-il prêté attention et pourtant, leur présence, jeudi  dernier sur le piquet de grève du Technicentre SNCF, est le signe annonciateur d’une profonde angoisse qui dans une ville comme Tergnier affecte l’ensemble du paysage : les salariés du Comité d’Etablissement Régional SNCF craignent le projet gouvernemental de réforme ferroviaire au moins autant que les Cheminots eux-mêmes.
Si tel est le cas, c’est que le redéploiement des effectifs cheminots attendu de la création du nouveau groupe public ferroviaire présenté le 29 mai dernier par le ministre des Transports ne sera pas sans conséquence sur l’organisation des activités sociales de la SNCF, confiées depuis 1985 aux comités d’établissements.
« Des informations dont nous disposons, 1800 des 3000 cheminots picards actuellement en fonction continueraient à relever directement du comité d’établissement régional d’Amiens. » explique Denis Val. «  Les 1200 autres relèveraient de comités d’établissements nationaux, tels les agents du Technicentre de Tergnier. Or la gestion du restaurant d’entreprise situé face au Technicentre relève, elle, de la compétence du CER de la région d’Amiens. Les agents du Technicentre désireux de manger au restaurant d’entreprise devraient donc compter sur une entente préalable de leur comité d’établissement national avec le CER de la région d’Amiens pour continuer à bénéficier des mêmes conditions. »
Lui-même élu au CER de la région d’Amiens sous la bannière de la CGT, Denis Val parle volontiers «  d’usine à gaz. »
« Les Comités d’Etablissements sont pilotés par des délégués élus par les personnels or tous n’affichent pas la même sensibilité sur les mêmes sujets ; tous ne défendent pas les mêmes priorités ou encore, plus prosaïquement, les mêmes stratégies. Le cas de la restauration est un bon exemple : sur Paris, elle est largement confiée au secteur privé… »
L’actuelle politique menée par le CER SNCF d’Amiens reposerait dont sur une dotation propre à la baisse puisqu’elle est proportionnelle à la masse salariale, à charge pour les élus de s’entendre avec leurs collègues d’autres comités d’établissements générés par la réforme à venir.
Les craintes exprimées la semaine passée aux côtés de leurs collègues Cheminots par la quarantaine de salariés du CER SNCF tiennent dans ces conditions en une question : la pérennité de leurs fonctions résistera t’elle aux incertitudes générées par le projet de réforme ?
Quarante salariés, c’est certes peu par rapport aux 3000 Cheminots picards, mais à Tergnier, c’est le restaurant d’entreprise SNCF ; c’est aussi la bibliothèque et le complexe sportif de la Cité.

samedi 15 juin 2013

La diversité a voix au (premier) chapitre


La bannière de la Confrérie des Maqueux d'saurets flottera demain sur Tergnier comme ici en 2011, lors de la fête des vendanges de Montmartre qui passe pour être LE grand rassemblement annuel des confréries.



Vingt-deux : c’est le nombre de nouveaux membres, toutes catégories confondues, qui seront intronisés demain, dimanche 16 juin, à l’occasion du premier chapitre de la confrérie des Maqueux d’saurets.
Vous avez dit «  chapitre » ? Entendez par là une assemblée de confréries ponctuée par une cérémonie d’intronisation. De prime abord, la dimension religieuse du terme place le rendez-vous sous le signe du sacerdoce.
De fait, tous affichent un dévouement sans faille à une cause : l’authentique dragée créée en 1220 par un apothicaire pour la confrérie de la dragée de Verdun ; l’esprit des fêtes du Bouffon pour la confrérie saint-quentinoise de la Soupe du Bouffon ; le patrimoine gastronomique des côtes Normandes pour les Chevaliers du hareng et de la coquille St-Jacques de Dieppe ; la convivialité du Beaujolais nouveau pour Le devoir Parisien des Compagnons du Beaujolais ; l’authentique ficelle picarde créée à Amiens « sans béchamel » pour les compagnons de la Ficelle Picarde et de la Rabotte Picarde ; les pâtisseries traditionnelles et familiales ardennaises pour la confrérie de la galette à suc’ et du Gâteau Mollet ; la fricassée de pommes de terre, ardennaise elle-aussi, pour la confrérie de la Cacasse à cul nu ; les spécialités gastronomiques ( moulé de truite, bières,, fromages et pralines) des villages du bassin de l’Eau d’Heure, prés de Namur, pour la confrérie belge des sabotiers de l’Eau d’Heure ; les traditions fromagères et les bières du village de Méan, également en Belgique, pour la confrérie des Wiyinmes ; et enfin l’excellente grappa bolivienne pour l’Ordre de Santa Cruz. Sans oublier bien sûr l’esprit du partage de la fête autour d’un saurets et d’une pomme de terre agrémentée d’oignons pour la Confrérie des Maqueux d’saurets qui néanmoins, n’aura pas cette fois à convaincre d’autres interlocuteurs que ses invités. Car un chapitre est aussi une vitrine. La vitrine d’une ville, de son patrimoine, de sa façon de vivre, de son «  exception culturelle »…
Reçue dès la première heure demain dans l’enceinte de la base nautique de la Frette, la dizaine de confréries extérieures présentes pourra prendre le pouls du marché dominical de Fargniers lorsqu’elle rejoindra en cortège les locaux de l’Odyssée au terme de sa réception en mairie annexe.
Dans ce cortèges aux allures et blasons tout droit sortis d’une autre époque, on trouvera des Grands Maîtres, un Grand Sénéchal, un Grand Gousteur, un Gardien des Epices, un Conservateur de la Cocotte, ou encore Son Altesse Sérénissime le prince Manolo 1er ; autant de titres que l’on pourrait effectivement attribuer à la fertile imagination de Merlin l’enchanteur . Enchanteur de papilles dans le cas présent, et gardien de la diversité contre la standardisation de la malbouffe ; autant dire contre l’acculturation des communautés humaines par l’industrie. Vous parliez de «  folklore » ?


La cuvée 2013

Outre les représentants des confréries invitées, seront intronisés lors de ce premier chapitre, au titre de membres d’honneur : Odile Remiat, adjointe au maire chargée de la Culture. Marlène Pichelin (adjointe au maire chargée des fêtes et cérémonies). Caroline Varlet dite La Mordue (artiste). François Guernier dit Tichot (artiste). Nicolas Gaffet (restaurateur-traiteur).

Seront également intronisés, au titre de membres actifs : Sylviane Riquet. Emmanuelle Debkowski. Lucie Bacot. Bruno Morel. Alexis Pruvot

jeudi 13 juin 2013

Et si l'avenir passait par le Centre de vie?



Comment le Centre de vie doit-il appréhender les effets secondaires d’un allongement croissant de l’âge de la retraite ?
Entretien avec l’ancien député-maire Jacques Desallangre qui, presque vingt ans après l’avoir inauguré, donnera demain son nom à cet équipement unique par son mode de fonctionnement inspiré du modèle des M.J.C.

Vous donnerez demain votre nom au Centre de vie, plus de dix-neuf ans après l’avoir inauguré en 1994. Ce bel hommage ne vous paraît-il pas un peu tardif ?

Non car cela n’eut pas été possible avant. Les députés en fonction n’ont pas le droit de recevoir ces honneurs-là. Cela vient à un moment où je sors du jeu politique. Il eut été indécent que cela vienne à l’époque.

A l’époque justement, pressentiez-vous que la vraie révolution en ce domaine serait moins dans le caractère imposant et moderne du bâtiment que dans la façon de le faire vivre ?

Je l’ai fais pour cela ! Quand je dis «  je », c’est évidemment l’ensemble de l’équipe municipale mais le fait est qu’en tant que maire, c’est à moi qu’il revint de justifier cet investissement et ce que nous en attendions.
Il faut remettre les choses dans leur contexte : les anciens de la ville se retrouvaient à l’époque deux fois par semaine dans les locaux du MRL (NDR : l’actuel centre socioculturel) où on leur servait du café et un sandwich autour de jeux de dadas et d’une belote. Il s’agissait de passer du MRL à ce qu’est aujourd’hui le Centre de vie or les gens comprenaient mal nos ambitions. Même les anciens ne comprenaient pas. « Nous n’avons pas besoin de tant ! » s’exclamaient-il, or nous étions sûrs, nous, qu’il faudrait bien, au contraire, ce vaste espace pour passer d’une logique d’activités du 3e âge à une vraie dynamique de divertissement et d’implication des anciens dans la vie locale.
« Vous ne mettez pas de directeur ? » me lançait-on. Et invariablement, je leur répondais : «  mais comment cela, un directeur ? Vous étiez chef de bureau, directeur vous-mêmes et maintenant, vous voudriez que quelqu’un vous dise ce qu’il faut faire et comment le faire ? Vous verrez : il y aura des gens qui voudront faire des choses » leur lançais-je. Et les faits m’ont donné raison.

Jacques Desallangre: " vous verrez, il y aura des gens qui voudront faire des choses..."


Disposiez-vous d’indicateurs particuliers pour afficher, dans un climat général de perplexité, une telle assurance ?

Très franchement, non. Nous y avons été au flair. Tout juste savais-je que mes parents et moi n’étions pas de la même génération. J’avais conscience d’être engagé dans une profonde mutation culturelle. Entendons-nous bien : il s’agissait bien moins de répondre aux besoins formellement exprimés en 1994 que d’anticiper sur les besoins encore sous-jacents à l’époque. Ceci explique les reproches que l’on nous fit alors à propos de la taille de l’équipement, jugée disproportionnée par rapport aux besoins exprimés. Dans les faits, cela a pris douze ans mais ce qui devait arriver est arrivé : il nous a fallu aménager également le rez-de-chaussée car l’étage n’y suffisait plus. Et je suis sûr que l’un de mes successeurs devra envisager un jour une extension car la réalité est là : plusieurs générations d’anciens se côtoient.  Au Centre de vie aujourd’hui, on continue à jouer à la belote mais on  apprend aussi l’Anglais.

Dans les concours de belote comme dans les cours d’Anglais justement, on trouve des anciens mais aussi des gens encore très éloignés de l’âge de la retraite. Aviez-vous imaginé ce mixage des générations ?

C’était un souhait mais je croyais que ce serait plus long et plus difficile. Dès 1984, on y a réfléchi. Les anciens étaient alors dans leur case et les jeunes dans la leur. Il fallait modifier cela mais je ne pensais pas que cela irait très vite. Il faut bien comprendre que les anciens de l’époque étaient issus des années 1910-1920. Pour eux, c’était « les jeunes avec les jeunes ; les vieux avec les vieux. »

Le recul de l’âge de la retraite provoquera inévitablement un recul de la disponibilité des plus anciens à la vie locale ; le entre de vie ne risque t-il pas d’y perdre sa « moelle » ?


Ce serait sans doute le cas si l’on travaillait effectivement de plus en plus longtemps mais la réalité est autre. Les seniors travaillent de moins en moins car les employeurs les jettent. Le recul de l’âge de la retraite les rend plus longtemps officiellement employables, ce qui ne signifie pas actifs. Au lieu d’être au chômage de 57 à 62 ans, ils finiront par l’être de 57 à 67 ans. Ce sera dramatique pour les caisses mais pas seulement. Des infrastructures comme le centre de vie seront salvatrices car elles offriront à tous ces seniors une moyen de conserver une vie sociale. Car même avec l’âge, on ne se contente pas de deux goûters par semaine et de quelques petites choses annexes. On a aussi besoin de vie sociale. Je le constate moi-même lorsque je fréquente les cours d’Anglais ; nous y vivons ensemble nos difficultés et nous y rions ensemble. Ce centre de vie a beaucoup apporté aux plus anciens ; je crois qu’il était extrêmement important de le réaliser. Nous avons investi dans les équipements sportifs, dans les équipements culturels, dans les équipements voués à la Petite Enfance… Il fallait aussi le faire en direction de ce que l’on qualifie ordinairement de troisième âge.


----------------------------Question subsidiaire--------------------------



dimanche 9 juin 2013

Les P'tites vieilles en vedettes de la fête des Cheminots


Amateurs de "petites vieilles", prenez note : l’Amicale des Cheminots recherche des véhicules anciens pour animer la partie dominicale de la prochaine fête de la Cité. Explication avec Alain Chenot, le « père spirituel » des soirées musicales d’ouverture du vendredi soir, qui, en cette année 2013, se concentre plus particulièrement sur le programme du dimanche.

Pourquoi avoir intégré à la fête de la Cité une brocante (*) doublée d’une exposition de véhicules anciens ?

Durant mes sept années de présidence de l’Amicale qui remontent aux années 2000, j’ai tout fait pour tenter de faire venir le public le dimanche après midi. Nous avons essayé les jeux pour les enfants et pour les adultes, les animations musicales… Rien n’y fait ; le public peine à se déplacer le dimanche. J’en étais à négocier une participation financière des industriels forains à l’organisation d’une grosse attraction le dimanche après midi lorsque j’ai passé le relais à mon successeur. En reprenant aujourd’hui ponctuellement du service, je reprends ce chantier où je l’ai laissé. Tous les coups sont permis pourvus que nous réussissions à faire venir les gens.

Pourquoi des véhicules anciens ?

D’abord parce que l’Amicale des Cheminots est à la croisée des Chemins. Je ne sais pas ce que va devenir notre structure mais je pense qu’elle sera rapidement amenée à évoluer aussi avons-nous voulu en ces circonstances particulières faire un petit clin d’œil à nos «  vieux. »
Il y a aussi une part de hasard. L’idée m’est venue dans un bistrot où partageait également un verre avec des amis un amateur de tracteurs anciens. Il m’a dit être partant ; nous avons lancé le projet. Je ne sais pas du tout où cela nous mènera. Sur le programme, nous avons d’ailleurs mentionné Première brocante et Premier rassemblement de véhicules anciens  car si d’aventure, le projet séduit le public, nous envisagerions naturellement de le reconduire. Pour l’heure, nous sommes dans l’attente. Nous avons déjà des retours mais nous ne savons pas encore combien d’exposants nous recevrons. Tout juste pouvons nous leur affirmer que, conformément aux us et coutumes cheminots, ils seront bien reçus.

Il n’y a donc rien de personnel dans cet intérêt soudain  pour les «  petites vieilles ? »

Pas du tout ! Ou plutôt si, tout de même. Un intérêt particulier pour la passion dont font preuve les amateurs de véhicules anciens. Nous sommes heureux en cela de leur offrir à travers la fête de la Cité une vitrine.

Petit détail pratique tout de même : à quel âge un véhicule devient-il ancien ?

Disons qu’il y aura des vieilles, et des vieilles vieilles. Tout ce qui se distingue des véhicules modernes par l’absence d’électronique. Toutes les mécaniques dans lesquelles on peut plonger ses mains…

(*) : 1€ le mètre. Pour tous renseignements, contacter Alain Chenot au 06 88 97 87 00

vendredi 7 juin 2013

Le bistrot qui fait vivre la Place Herment


Plus qu'un bar, celui de la Passerelle est le dernier bastion de la résistance à l'isolement de la place Herment.



Et si la vie sociale d’un quartier ne tenait plus qu’à un bistrot ? Cette perspective ouvre sur la place Herment un point de vue révélateur de la place particulière qu’y tient le Bar de la Passerelle.
Pour la onzième fois demain, cet estaminet où l’on offre la cochonnaille chaque jeudi de marché sera au cœur du bouillonnement de stands, de brocanteurs occasionnels et de commerçants ambulants attendus à l’occasion d’une brocante très particulière à plus d’un titre.
D’abord parce que les bénéfices sont intégralement reversés à la Croix rouge. Ensuite par ce que, plus qu’une brocante, c’est de résistance à l’isolement dont il s’agit. Il fut un temps en effet où cette place Herment, véritable appendice de l’Avenue Jean-Moulin, était au cœur de la vie quotidienne.
« Dans ce secteur, nous recensions dans les années cinquante une soixantaine de commerces dont onze alimentaires ; entendez par là des épiceries » se souvient l’ancien épicier Daniel Druart avec une pointe de nostalgie lorsqu’il évoque «  le marché des hommes. » « Le jeudi de l’Ascension étant férié, ce sont les hommes qui faisaient le marché et les estaminets qui le bordaient. La place Herment était un point de ralliement. Elle était d’ailleurs jadis le point de départ du défilé de la fête des Maqueux d’saurets. Les gens prenaient une demi-journée de congés et partageaient le casse-croûte dans les bistrots qui la bordaient. »
Cette capacité à catalyser toutes les énergies n’est pas le fruit du hasard : cette place Herment est elle-même le fruit de la volonté des Hommes à bâtir ensemble leur avenir.
Lorsque les pionniers du Chemin de fer décidèrent d’implanter leur dépôt à Tergnier, ils durent pour extirper leur ligne du cours tranquille de la vallée de l’Oise remblayer ce qui n’était alors qu’un marécage de quelques centaines d’habitant. En cinq mots : ils façonnèrent le Tergnier d’aujourd’hui. Cent soixante ans plus tard, la place Herment demeure l’unique témoin de leur création. Dans sa jonction avec le boulevard Gambetta, le grand mur de soutènement des emprises ferroviaires indique la hauteur du remblai : cinq mètres. Un peu plus haut, place Herment, elle est de deux mètres soixante-dix. C’est là que les pionniers du Chemin de fer érigèrent leurs premiers ateliers et c’est naturellement là aussi que se cristallisa la vie locale.
Que reste t-il de tout cela ?
Une magnifique place arborée qui au cœur de la ville, forme un petit havre de paix dans lequel les chalands et les enfants pourront déambuler demain en toute quiétude.
Carine - avec un C car, dit-elle, «  je suis un K à mois seule » - qui succède depuis le début de l’année à Annie au Bar de la Passerelle, recense d’ores et déjà 170 mètres de réservations particulières et 50 mètres de réservations professionnelles. A 1,50€ le mètre pour les particuliers et 6€ pour les professionnels, la Croix rouge peut déjà faire ses comptes. Du moins provisoirement car le ciel aidant, il y a fort à parier qu’il y aura foule demain sur la place Herment. D’autant plus, pour les amateurs d’ambiance champêtre, que Carine assurera la restauration.

jeudi 6 juin 2013

Henri, le mécène du rockabilly



Pour la dixième fois ce vendredi soir du 7 juin, «Monseigneur » Henri de La Bouteille d’or recevra le trio Hot Chickens, mais on ne s’en lasse pas. Pour la première fois en revanche, le rendez-vous n’est pas fixé à La Bouteille d’or mais en la salle des fêtes de Liez. Même esprit bar-à-copains, même gratuité du spectacle et même brin de folie musicale mais dans d’autres conditions réglementaires. Le renforcement de la réglementation préfectorale en la matière conduit les bars, lieux de rencontres et d’échange par excellence, à se cantonner dans leurs fonctions de débits de boissons. Comme Henri, on pourra le regretter, le déplorer, le dénoncer mais rien n’y fait si ce n’est l’inébranlable volonté de continuer à partager de bons moments. Et ceux-là le seront. La preuve sur scène avec les Hot Chickens, et avec les Spunyboys dont les habitués de la fête du moto club Tu Nous Mank avaient particulièrement apprécié l’impressionnante énergie l’an passé.

mercredi 5 juin 2013

L'Histoire au carrefour de Tergnier


Avant de commémorer le débarquement de Normandie, le cortège ira s'incliner demain, jeudi 6 juin à 18h15, sur la stèle érigée en 2010 en l'honneur du 32e R.I., au pied du bévédère de la Cité qui servit de poste d'observation, et à côté de l'ancienne ferme Carlier transformée en mai 40 en dépôt de munitions.



Quelle mouche a bien pu piquer les anciens combattants pour qu’ils commémorent demain, Chaussée Brunehaut, un anniversaire de la bataille de Tergnier célébré d’ordinaire et depuis des lustres sur la stèle de la rue Hoche ?
La réponse est on ne peut plus pragmatique : le 73e anniversaire de la terrible bataille de Tergnier ne sera pas célébré rue Hoche pour cause de travaux.
Le cortège s’inclinera du coup sur la stèle érigée en 2010 au pied du belvédère de la Chaussée Brunehaut à l’occasion du 70e anniversaire de cette bataille. Un simple changement de cadre qui frappe opportunément les esprits quant au sens de ce rassemblement du souvenir.
Sous l’effet mécanique soporifique des habitudes, Tergnier avait fini, en effet, par assimiler sa bataille de mai et juin 40 à un long et meurtrier duel franco-allemand autour du canal de Saint-Quentin, dans le secteur du pont de la rue Hoche que le proche voisinage d’une stèle et d’un boulevard dédiés au 32e R.I. semble désigner comme épicentre des évènements.
La réalité est tout autre. Entre le 18 mai et la nuit du 6 et 7 juin 1940, c’est l’ensemble de l’agglomération ternoise, de Viry-Noureuil et Condren au sud jusque Mennessis au nord, qui fut le théâtre de violents combats. Une ligne de front d’une dizaine de kilomètres au total, abusivement assimilée à une hypothétique débâcle de l’Armée française. Pire qu’un abus, il s’agit là d’une véritable hérésie tant il est vrai que la bataille de Tergnier incarne tout sauf la débâcle.
Resituons les évènements dans leur contexte : la France a concentré l’essentiel de ses efforts de défense sur sa frontière est lorsque l’Armée Allemande ouvre les hostilités sur le terrain neutre de la Hollande, de la Belgique et du Luxembourg durant la nuit du 9 au 10 mai 1940.
Le haut commandement français se révèle être une nouvelle fois totalement à côté de la plaque trois jours plus tard lorsque les Allemands poussent leur offensive principale dans les Ardennes qu’il jugeait infranchissables.
Les blindées ennemis passent la Meuse et se ruent à travers les Ardennes et la Thiérache avant de foncer, pour partie vers Le Cateau, pour l’autre vers Saint-Quentin via Montcornet.
La France, avec son appareil militaire hérité d’une autre époque, s’est tout simplement trompée de guerre. Il lui faut sortir de sa léthargie, se ressaisir, se réorganiser à l’aune des réalités qui la submergent et, pour tout cela, commencer par sauver ce qui peut l’être encore, pour l’heure acculé dans ce qui devient la poche de Dunkerque. C’est l’ultime échappatoire vers une seconde chance dont le Général de Gaulle lancera le signal le 18 juin suivant.
En attendant, il faut stopper la progression allemande vers cette poche ; pour le moins la retarder afin d’organiser l’évacuation de quelques 338 000 hommes, Anglais et Français pour l’essentiel.
C’est dans ce contexte que le 32e R.I. tiendra vingt-trois jours durant un ennemi deux fois plus nombreux sur les rives est et sud du canal de Saint-Quentin, avant de recevoir lui-même l’ordre de repli durant la nuit du 6 au 7 juin par suite du franchissement allemand de la Somme.  Au prix – faut-il le préciser ? – de lourdes pertes humaines qui permirent d’en épargner de beaucoup plus nombreuses encore un peu plus au nord.
Tergnier décidément, semble être vouée à être le théâtre des grands sacrifices de l’Histoire moderne.
Au printemps 1917 déjà, le 113e R.I. s’était illustré sur le même site, sur les berges du même canal, pour enrayer l’offensive allemande sur Paris. Une similitude qui renvoie à l’histoire même de la ville, à sa position stratégique au carrefour des vallées de l’Oise et de la Somme ; celle-là même qui lui valut d’être un carrefour fluvial avant de devenir un carrefour industriel puis ferroviaire. Un carrefour de tous les temps, de tous les rêves d’avenir et de toutes les tensions dont le tissu associatif ancien combattant aspire à faire également celui des générations. Il y va bien moins au final de «  devoir de mémoire » que de compréhension de l’histoire collective.

lundi 3 juin 2013

L'A.E.I. se régénère à la source


Entreprise vendredi, la démolition du bâtiment originel de l'A.E.I. se poursuit ce lundi.


On vous l’annonçait ici même voici quelques jours ; c’est fait : l’ancien internat du centre Brunehaut de Vouel n’est plus.
Programmée en fin de semaine dernière, la démolition a été entreprise vendredi par l’entreprise Vouelloise de travaux publics CBTP qui, au terme du week end, a repris le chantier ce lundi.
Devenu obsolète, l’ancien internat cédera sous peu la place à un circuit de ramassage des enfants et adolescents accueillis au centre Brunehaut par l’A.E.I. et, un peu plus tard, à un nouveau bâtiment dédié au service d’éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD) qui, à lui seul, témoigne du chemin parcouru depuis un demi siècle par les pionniers de l’aide à l’Enfance inadaptée, issus pour la plupart à Tergnier du Toit du Cheminot.
Un exemplaire de La vie de l’agglomération ternoise, petit opuscule d’information locale diffusé en son temps par l’association commerciale, nous permet rétrospectivement d’en apprécier la portée. Il est daté de mai-juin 1964 et ouvre ses colonnes à « Mme Henri Lefèvre, Présidente de la section A.P.E.I. Chauny-Tergnier-La Fère. »
On vous le livre intégralement, dans son jus d’origine qui préserve l’état d’esprit de l’époque.

«En 1958, le Président Malécot, père d’un enfant mongolien, crée un premier rassemblement national de parents d’enfants déficients mentaux sous la dénomination de « Papillons blancs. »
En 1960, dans notre département, s’organisait à Soissons la première réunion de ce regroupement réunissant quelques familles.
Depuis, des sections ont vu le jour à Château Thierry, Saint-Quentin et Laon.
En juin 1963 a lieu à Tergnier, pour les cantons de Chauny et de La Fère, une réunion de parents essayant de mettre en commun leurs soucis, leurs problèmes. Une section de l’A.P.E.I. « Papillons blancs » fut crée.
Pour tous les parents, l’avenir des enfants est un gros souci ; pour nous, c’est un drame.
A la suite de différentes rencontres, un groupe d’hommes sensibilisés à toutes sortes de problèmes humains, prend conscience de cette situation touchant un nombre élevé de familles de la région ternoise.
Une décision est vite prise : leur organisation se mettra au service de ces familles.
Le dynamisme, la générosité, la compréhension, la compétence de personnalités qui se sont dépensées sans mesure, ont fait que, ce qui n’était hier qu’un espoir, deviendra très bientôt une réalité concrète.
Au nom des familles ainsi groupées au sein de l’Association des Parents d’Enfants Inadaptés, je ne peux que leur exprimer, simplement, toute ma reconnaissance et leur dire merci. »

C’est court, c’est concis et c’est explicite. Le «  groupe d’hommes sensibilisés à toutes sortes de problèmes humains » dont il est ici question n’est autre – on l’aura compris - que celui du Toit du Cheminot dont les bénévoles unirent leurs forces pour transformer et adapter aux besoins de cette nouvelle « croisade » l’ancienne bibliothèque SNCF acquise au franc symbolique. Celle-là même qui devint par la suite un internat, et bientôt un circuit de ramassage. Loin de marquer la fin d’une aventure entreprise voici un demi-siècle, la démolition du bâtiment originel de l’AEI la nourrit et fait fructifier l’engagement des pionniers.


Un "groupe d'hommes sensibilisés à toutes sortes de problèmes humains" dans lequel on reconnaîtra Marcel Laurence et René Poulet, deux "monstres sacrés" de la vie ternoise.